Histoire | Biographie - Konrad Bauer | |||||||||
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Un pilote « hors normes » La JG300 a vu passer dans ses rangs de nombreux pilotes. Mais seul un petit nombre d’entre eux a laissé un souvenir, une empreinte, marqué de son sceau l’histoire de l’escadre. Quelques-uns se sont distingués par le nombre de victoires accumulées, d’autres par leurs qualités de pilote ou de leader ou enfin par un comportement qui sortait de l’ordinaire. Konrad « Pitt » Bauer cumulait tout cela. A la fin du conflit, son palmarès le place dans les meilleurs chasseurs de la Luftwaffe : De tels résultats furent récompensés par les plus hautes décorations : Né le 9 février 1919 en à Gelsenkirchen, il avait suivi la filière de formation de pilote de la Luftwaffe avant de rejoindre, en mars 1943, sa première unité sur le front de l’est : la JG51. En avril 1944, il revint sur le front de l’Ouest et fut assigné à l’unité de défense du Reich JG3 « Udet ». Enfin, le 10 juin 1944, il arriva à la 5. (Sturm)/JG 300 équipée de FW 190 A-8/R2. A contrario de ses camarades, il exigea que son Focke-Wulf 190A8 - le « 3 Rouge » - n’emporta pas le blindage supplémentaire prévu, ni les canons Mk 108 de 30 mm. Son avion, équipé de la configuration classique de quatre canons MG 151/20 et deux mitrailleuses MG 131/13, devint une des plus redoutables machine de l’escadre. Son ailier, le Leutnant Hans-Dieter Oehm le décrivit ainsi : « Konrad Bauer composait, de façon incontestable, le personnage de l’antimilitariste. Il est indéniable que les pilotes de la défense du Reich ne constituèrent jamais des modèles de soldats, surtout par leur tenue vestimentaire et leur irrespect des règlements. Mais dans ce domaine, « Pitt » battit quelques records. Le fait qu’il ne fut jamais sanctionné est assez facile à comprendre il comptait parmi les plus redoutables tireurs du groupe. Il se promenait en permanence avec ses bottes de vol, ce qui n’avait rien d’exceptionnel. Par contre, sa manie de remplacer la chemise et la cravate réglementaire par un pull-over blanc à col roulé, avec sa Croix de chevalier en sautoir(…) Quand il faisait chaud, il optait parfois pour une tenue tropicale (…) Vous imaginez l’allure du personnage et l’effet produit sur les jeunes pilotes qui voyaient en lui le modèle du chasseur. Son comportement était assez délirant. Avant toute chose, il buvait bien plus que de raison, avant et après les missions… ce qui ne semblait pas affecter ses qualités de pilote ! (…) Il avait baptisé son 190 « Kornjark « . L’inscription s’étalait en caractères très lisibles sur le fuselage. Sur mon « 5 Rouge », je fis peindre « Schnarps ». cela signifiait bien évidemment « Schnaps ». Quand nous atterrissions sur d’autres aérodromes après une mission, on ne manquait pas de nous questionner à propos de ces inscriptions. Bauer répondait avec un aplomb formidable qu’il ne s’agissait pas d’alcools, mais de prénoms nordiques… » (Source : Bataille dans le ciel d’Allemagne- J.-Y. Lorant) Profil Claes Sundin
Le 11 septembre 1944, il participa à un dogfight des plus violents. Konrad Bauer se retrouva à 7'000 mètres, aux prise avec une nuée de P-51 Mustangs. Il revendiqua la destruction de trois de ces machines en moins de dix minutes de combat. Touché, il fit un atterrissage forcé dans un champ, constata qu’il avait perdu deux doigts à la main droite et que sa verrière était coincée. Quatre Mustangs firent plusieurs passes et le mitraillèrent. Suffocant dans la fumée de son cockpit, Bauer réussit à ouvrir sa verrière et couru se mettre à couvert. Son séjour à l’hôpital le tint éloigné de ses camarades plus de six semaines et la gravité de sa blessure fit qu’il ne put être engagé que de manière sporadique jusqu’à la fin du conflit. En janvier 1945, Konrad Bauer fut nommé StaffelKapitän de la 5./JG300, mais, compte tenu des séquelles de ses blessures, fut temporairement interdit de vol en février. Il effectua vraisemblablement sa dernière sortie le 2 avril aux commandes d’un Focke-Wulf 190 modifié : compte tenu de son infirmité, ses mécaniciens lui avaient déplacé une partie des commandes électriques sur le manche à balai. Lors de cet ultime engagement, il descendit un dernier Mustang (non revendiqué). Elevé au grade d’Oberleutnant, sa carrière prit fin sur la base d’Holzkirchen, caché dans les bois avec des membres de la 8. Staffel. Après la guerre, il rejoignit la nouvelle Bundesluftwaffe et termina sa carrière militaire, à la fin 1960, avec le grade d’Hauptmann. Konrad Bauer s’éteignit dans sa ville d’origine, le 17 juin 1990. |
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